Avant-propos


 
 
De 1945 à 1954, plus de 14 000 officiers et sous-officiers de la Gendarmerie Nationale ont participé à la guerre d’Indochine. Outre les forces de la Garde Républicaine, la Gendarmerie Nationale a fourni les habituels détachements de Prévôté auprès des grandes Unités engagées en dehors du territoire métropolitain (un poste a même été créé à Diên Biên Phu, en janvier 1954), ainsi qu’une section de gendarmerie maritime et une autre de gendarmerie de l’Air.
 


A mon bureau de la Prévôté à Vientiane

Je suis entré dans la gendarmerie en 1947. En sortant de l’école de gendarmerie de Romans-sur-Isère, j’ai débuté ma carrière à la brigade territoriale de Sainte-Foy-la-Grande, dans le département de la Gironde. En 1951, je suis désigné pour servir en Indochine, et c’est ainsi que, durant deux années, j’ai été affecté à la Prévôté de Vientiane, capitale du Laos. La Prévôté a pour principale mission d’assurer le respect du Droit au sein des armées françaises en campagne à l’extérieur des frontières nationales. C’est une police militaire.
 
     
Durant ces deux années passées au Laos, j’ai eu, de nombreuses fois, l’occasion de partir en expédition pour exercer mes fonctions.  Celle que je vais vous conter ci-après,  appelée «excursion au Laos», a été écrite après un périple de 3 semaines qui commence en pirogue sur le Mékong, et se poursuit à pied dans les rizières et les montagnes. Près de 1000 kilomètres ont ainsi été parcourus. Heureusement, le retour, en avion, sera plus rapide.
 

 


Couverture d'un numéro
de la revue Caravelle

Ce récit devait paraître dans « Caravelle », la revue mensuelle des Forces Armées en Extrême-Orient, mais pour différentes raisons ce projet ne s’est pas réalisé. Cette expédition était menée par l’armée de terre, qui partait souvent en opération pour assurer une surveillance dans les régions du Laos. J’avais pour mission d’accompagner les militaires, car, en qualité de gendarme de la Prévôté, j’étais investi de prérogatives judiciaires m’autorisant, notamment, à agir auprès des populations locales, dans le cadre d’enquêtes pour la recherche de renseignements susceptibles d'intéresser l'autorité militaire.

Devant le poste de la Prévôté
 
     

J’avais également mandat de rechercher des déserteurs qui, selon nos informations, se trouvaient dans une région proche du Siam (aujourd’hui la Thaïlande) pays frontalier. Ce genre d’excursion n’avait, à cette époque, rien de touristique, si ce n’est la beauté des paysages, car la présence des troupes Vietminh tout au long du parcours, nous obligeait constamment à la plus grande vigilance, de jour comme de nuit. N’oublions pas : c’était la guerre d’Indochine !

René FRANCOIS

Août 2006


La beauté des paysages (photo JRP)