L'histoire du phono à la Ferme du Fourneau
racontée par Marcel François
 

 

Souvenirs d’enfance

J’ai bien connu la ferme du Fourneau. Né à Châtillon-sur-Seine le 31/12/1946, j’ai vécu à la ferme dès les premiers jours de ma naissance car mes parents (Yvonne Verpy et René François) y travaillaient.

Agé de quelques mois, au mois d’août 1947, j’ai quitté la ferme avec mes parents, lorsque mon père est entré dans la gendarmerie et à débuté sa carrière à Ste Foy-la-Grande dans le département de la Gironde. Mais à chacune de ses permissions, nous revenions à Montigny. En 1951, mon père est affecté pour deux ans en Indochine.

Ces deux années, je les ai passées, avec ma mère, à la ferme du Fourneau ; ce fût mes années d’enfance, où, gâté par ma grand-mère Hélène, je préférais les animaux de la ferme à la cour de l’école de Montigny où je mis les pieds pour la première fois. Après que mon père fut revenu d’Extrême-Orient et fut affecté à une autre brigade de gendarmerie, je passais toutes mes vacances à la ferme du Fourneau et ce, bien au-delà de mon adolescence. J’y retrouvais à chaque fois cet espace de liberté, où, avec mes cousins et cousines, nous avons passé des moments de bonheur dans une jeunesse insouciante, connaissant tous les coins et recoins de cette ferme.

Découverte du phono

C’est au début des années soixante, pendant les grandes vacances, que j’ai, sans le savoir, fait ressortir de l’oubli le phonographe de la famille Verpy. L’appareil avait été acheté par mon grand-père Maurice Verpy dans les années 20, lorsque la famille habitait la ferme de la Borde à Autricourt. Le phono, de marque Pathé, modèle Pathéphone de 1912, avait été vendu avec les disques 78 tours par M. Simonot demeurant rue Haute à Autricourt.

A la ferme du Fourneau, dans la montée d’escaliers qui menait aux chambres de la maison, il y avait le cagibi. C’était une pièce de quelques mètres carrés sans éclairage, basse de plafond (on se tenait sur les genoux). Pour moi, un endroit sinistre, sombre, sans lumière, où étaient entreposés toutes sortes d’objets heteroclites allant d’une vieille voiture d’enfant, aux chaussures usagées et donc le fameux phono.

A chaque fois que ma grand-mère ouvrait la porte du cagibi, j’apercevais le pavillon de couleur noir du phono. Mais ce jour là, j’ai voulu en savoir plus, et c’est ainsi que l’autorisation m’a été accordée de sortir l’appareil ainsi que les disques 78 tours qui allaient avec.


Et c’est mon oncle Roger Verpy, qui, un matin, installa et remis en marche le phono après des années d'oubli. Pour cela il fallu faire preuve d’ingéniosité car, l’appareil avait perdu sa pièce principale permettant d’écouter les disques, je veux parler du saphir inusable qui équipait la tête de lecture. Qu’à cela ne tienne ! Mon oncle récupère une aiguille de couture, casse la pointe, l’introduit sur la tête de lecture du phono et la coince au moyen d’un grain d’avoine ! On pose un disque sur le plateau, quelques tours de manivelle pour remonter le mécanisme à ressort, le disque tourne, on pose la pointe sur le disque et, Miracle ! la musique sort du pavillon, ça marche ! C'est ainsi que le phono revit le jour pour le plus grand plaisir de toute la famille !


Phono Pathé, modèle Pathéphone de 1912,

Pour entendre les airs que nous écoutions sur le phono, cliquer sur le player de votre choix; les reproductions sont authentiques :

Miller - la polka des thunes _

le joyeux postillon _

Polin - la dernière carotte _

Les lanciers _

E Vacher accordéon-Tourbillonnette _

Georges Thill - Rigoletto _

 

Le pauvre phono a aujourd'hui disparu, car ma grand-mère Hélène, dans les années 1970, en a fait don à la famille Marin garagiste à Montigny au grand dam de la famille Verpy. Mais donner c'est donner... Manuel Marin n'a pas pu en faire grand usage, car le ressort entrainant le plateau était cassé depuis plusieurs années et il était impossible de lire et écouter les disques. En outre, la plupart des disques avaient disparu, mes cousins ayant fait avec des soucoupes volantes qui ont terminé leur vol soit dans la rivière ou dans le grand pré. Et en plein soleil, les disques en cire ont fondus!!!! Triste fin pour ce phonographe historique et sa collection de disques 78 tours.

Marcel FRANCOIS.

 




 


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